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Petite histoire de la vigne en Sarthe – 1ère partie

Il n’y a pas que les rillettes dans la Sarthe !

« Si la vigne était plus étudiée et mieux comprise dans la Sarthe, la Sarthe serait un des meilleurs pays de vignobles de France. » (Jules Guyot)

Les plus anciennes sources écrites remontent au Haut Moyen-Âge : une lettre du IXe siècle émanant du prieur de Saint-Lézin accompagne une expédition de tonneaux de vin destinés à l’abbé de Saint-Julien à Tours dont dépend le prieuré. Le prieuré de Saint-Lézin est aujourd’hui détruit et se situait sur l’actuelle commune de Marçon. La vigne aurait été présente le long d’un affluent de la Braye (affluent du Loir), l’Anille, au VIIe siècle lors de la fondation du monastère de Saint-Calais.
Selon les séries G et H des archives de la Sarthe, entre les XIIe et XVe siècles, soixante-dix-sept finages sont mentionnés comme viticoles. Ainsi, Le Mans et ses alentours constitue le noyau viticole le plus important.  La vigne est aussi bien présente aux portes de l’Orne, dans le pays sabolien ou dans la vallée du Loir autour de la Flèche et de Château-du-Loir. Il s’agit d’un vignoble de proximité : la circulation des vins au Moyen-Âge est mal connue et la production était consommée localement.

Sous les bois Dauvers dans la Sarthe
« La vigne sous les bois » à Ruillé-sur-Loir, située au-dessus des caves de Dauvers.

Le XVIe siècle marque le début du long passage d’un vignoble de proximité vers une reconnaissance extra-locale. La vallée du Loir bénéficiera de cette ouverture. Les vins du Maine sont cités par Rabelais dans Pantagruel en 1532 où il y décrit le vignoble de la Chartre.  Henri IV chassant en forêt de Bercé exigeait une bouteille de « Jasnières » (Lhomme) ou de « Sous-bois » (Ruillé-sur-Loir). Concurrençant le vin comme boisson du quotidien, le cidre se répand à cette même période. Le cidre est largement consommé dans le nord du département mais dédaigné dans la vallée du Loir : le breuvage principal demeure le vin blanc, comme à Marçon.

Anciennes caves de tuffeau dans la Sarthe
Anciennes caves creusées dans le tuffeau à Marçon.

À partir du milieu du XVIIIe siècle, après Paris, les vins de la vallée du Loir s’exportent vers la Hollande, du moins avec certitude pour les vins blancs, seuls cités dans les archives.
Dans les années 1770 apparaît la première classification qualitative des vins de la Sarthe par le chanoine La Paige en six catégories : les finages de Flée, Château-du-Loir, Marçon et Lavenay appartiennent à la première catégorie, « le meilleur ». En deuxième catégorie, soit « très bon » nous avons notamment Dissay-sous-Courcillon, Champagné et Vouvray-sur-Loir. Le Mans, Savigné, Sargé-lès-le-Mans, Noyen-sur-Sarthe ou encore Pirmil appartiennent à la troisième catégorie, « Bon ». Cette reconnaissance ouvre les portes du XIXe siècle qui verra l’apogée de la vigne dans le département. C’est également au XIXe siècle, avec les crises dont celle du phylloxéra, que le vignoble sarthois sera bouleversé et reconfiguré.

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Bibliographie

Roger DION (1959 réédition 2010), Histoire de la vigne et du vin en France des origines au XIXe siècle, CNRS éditions, Paris, 768 p.

André DUPÉ, Michel FREYSSINET (1996), Vins, vignobles et vignerons de la vallée du Loir, Cénomane, Le Mans, 191 p.

Emmanuelle FOUCHER-LEBVRE, Chantal GUÊNERIE, René DESPERT, Samuel GIBIAT (2012), Des vignes, des vins, des hommes, La viticulture en Sarthe du XIIIe au XXe siècle, Conseil Général de la Sarthe, 95 p.

Gérard GOURMEL (1981), Vin, vignobles et vignerons, Cénomane n°4 : Le Monde Rural Sarthois (2), Le Mans, pp 48-54.

Jules GUYOT (1868), Étude des vignobles de France, Tome 3, Régions du Centre-Nord, du Nord-Est et du Nord-Ouest, Victor Masson et fils, Paris, 697 p.

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