C’est dans les caves de la Peuvrie (Sainte-Maure-de-Touraine), creusées dans une ancienne carrière de tuffeau blanc, que nous avons co-organisé et animé la journée cave ouverte, organisée au domaine Geoffrey de Noüel. Deux autres vignerons, accompagnaient Geoffrey : Jean de Bonnaventure du Château de Coulaine (Beaumont-en-Véron) et Stéphane Delettre (Saint-Nicolas-de-Bourgueil). Les trois domaines sont en agriculture biologique.
Parmi les flacons proposés par les vignerons, chacun fit découvrir une cuvée :
- « Acadia » du Château de Coulaine, Cabernet franc/Chenin de 2006, muté à l’eau-de-vie de marc distillée en 1989-1990, élevé 13 ans et non ouillé. Un vin riche, sur la douceur, très digeste, premier nez sur les fruits secs, proche d’un rancio, longue finale.
- « Apple Cider » du Domaine Stéphane Delettre, un cidre naturel élaboré à partir de 25-30 variétés de pommiers haute-tige du Perche, Vexin et Pays-de-Caux.
Cidre acidulé avec un rapport acidité/douceur très équilibré, à la fine effervescence et respectant l’intégrité du fruit. - « Cro-Côt-Dile » 2019 du Domaine Geoffrey de Noüel, pressurage direct de Côt, élevage en barrique de 600 l, sans soufre ajouté, sans filtrage ni collage.
Élaboré comme un rosé de presse mais c’est un vin rouge ! Côt aérien, frais et fin, à la finale très sapide.
(Des photos de ces cuvées sont visibles sur la présentation de la journée ici)
Deux séances de dégustation ont permis de mettre en avant le cépage commun aux trois vignerons : le Cabernet franc. Cépage noir le plus planté en Touraine, d’origine navarraise, mentionné sous le nom de « Breton » en 1534 dans le Gargantua de Rabelais. Au début du 19e, le cépage n’est pourtant pas le plus répandu, le Pinot noir, le Côt ou le Grolleau étant les cépages noirs dominants.
Trois vins, trois visions bien distinctes du cépage ont été mises en évidence avec les cuvées suivantes :
- « C’est moi qui l’ai fait ! » de Stéphane Delettre, millésime 2020, en VDF. Il s’agit d’une macération carbonique, utilisée pour les primeurs, en particulier dans le Beaujolais, et préconisée par Jules Chauvet comme vinification naturelle. Robe rubis, nez sur les petits fruits rouges, bouche acidulée, croquante, finale fraîche et salivante.
- « Château de Coulaine » de Jean de Bonnaventure, millésime 2020, en AOC Chinon. La cuvée domaine, avec élevage en cuve béton. Un Cabernet qui contraste avec le précédent : robe rouge sombre, nez sur un fruité bien mûr, vin à la fois souple et terrien, tanins discrets, finale sur les petits fruits noirs.
- « Le Bois Bonnard » de Geoffrey de Noüel, millésime 2017, en AOC Touraine. Cuvée parcellaire, terroir d’argiles à silex, pente orientée nord. Élevage en fût de plusieurs vins. Robe d’un rouge assez profond, nez expressif sur la framboise bien mûre, bouche délicate, finale à la fois acidulée et ample.
Les trois vins ne présentent pas les arômes type poivron vert (alkylméthoxypyrazines pour les œnologues) que l’on trouve parfois en dégustation sur le Cabernet franc. De plus, quelle que soit la cuvée, l’aromatique est riche, le fruité marqué comme sur le premier vin, et l’astringence maîtrisée, en particulier sur les deux derniers vins. On recommande donc ces Cabernets et il convient de les déguster dans cet ordre !